Sur la coulée verte du canal du Midi

Patrimoine mondial de l’Unesco, l’époustouflant ouvrage de Pierre-Paul Riquet est aujourd’hui l’une des promenades fluviales les plus courues d’Europe. Corvée d’écluse en moins, sa version « roue libre » offre, par le chemin de halage, un voyage non moins panoramique et rafraîchissant.

Quoi de plus tentant que de vouloir joindre à vélo ou sur un vélo électrique l’Atlantique à la Méditerranée en suivant au passage la voie royale du canal du Midi, classé depuis peu au patrimoine mondial de l’Unesco ? De la Gironde au Languedoc, ce « canal de Suez » hexagonal ouvre à travers des paysages riches et variés nombre de perspectives généreuses, de halages ombragés et d’allées de grand soleil. Le projet n’a qu’un défaut : il est un peu prématuré. Sauf dans sa partie centrale, en effet, le parcours complet du « canal des Deux Mers » n’est pas encore chose évidente. Sauf à être très sportif, on évitera par exemple la section de chemin de halage du « canal latéral à la Garonne » comprise entre Bordeaux et Valence-d’Agen.

Un circuit cyclable au milieu des vignobles

On trouvera en revanche une très agréable alternative à ce « chaînon manquant », en empruntant le vignoble de l’Entre-Deux-Mers et la liaison en site propre qui mène de Bordeaux à Sauveterre-de-Guyenne (voir le chapitre Landes et Gironde). La partie la plus roulante du canal latéral à la Garonne ne commence, dans la direction de Toulouse, qu’au-delà de Valence-d’Agen, 80 km, pour atteindre la Ville rose dont les vingt derniers kilomètres, asphaltés, viennent d’être traités en piste cyclable sécurisée. Mais le vrai bonheur ne viendra vraiment qu’à la sortie de Toulouse, au pont des Demoiselles très exactement, où l’on retrouvera le meilleur de ce canal de légende. De la Ville rose jusqu’à Castelnaudary, le bord de l’eau offre une succession ininterrompue d’espaces ombragés et de haltes bienvenues. Jusqu’au Seuil de Naurouze (la ligne de partage des eaux), le chemin de halage emprunte alors la section la plus agréable, la plus ombragée, la plus harmonieuse du parcours.

Les rives où les cyclistes sont à la fête

La voie d’eau semble avoir été dessinée pour le plaisir, alors qu’elle ne fait que suivre les courbes de niveau du pays lauragais, en grimpant doucement jusqu’au « sommet » de l’ouvrage. Là, un obélisque mais aussi un espace culturel, à la halte fluviale de Port-Lauragais, qui rend enfin hommage à Pierre-Paul Riquet, le génial édificateur de cet escalier d’eau dont on n’a cessé d’admirer au passage, depuis Toulouse, les ouvrages, les écluses et les biefs, vieux de plus de trois siècles ! Le reste de la promenade, jusqu’à Castelnaudary, se fera en roue libre ou presque… Le canal a amorcé sa descente vers la Méditerranée et le port fluvial qui attend le touriste à quelques kilomètres de là est aussi la capitale mondiale du cassoulet ! Même non asphalté et desservi, hélas par la présence de quelques points noirs (passage de ponts, entre autres), le chemin de halage qui mène vers Carcassonne reste tout à fait carrossable à la saison sèche.

La méditerranée en vue

Au-delà de l’impressionnante cité de Carcassonne, et pour tout le reste du parcours, jusqu’à son arrivée à Agde, il se fait même de plus en plus accueillant. Juste après Le Somail, à hauteur de Narbonne, une piste asphaltée longeant le canal de la Robine file sur 42 km jusqu’au Salin et à la plage de Port-la-Nouvelle. On réservera bien sûr à Toulouse, la Ville rose, l’attention qu’elle mérite, mais on ne manquera pas non plus, à quelques coups de pédales seulement des rives du canal, Villefranche-de-Lauragais, la rigole de la Montagne noire, la ville bastide de Revel, capitale du meuble de style (sous le lac de Saint-Ferréol), et sa superbe voisine, Saint-Félix-Lauragais. Mais aussi, à proximité immédiate de Castelnaudary, Saint-Papoul et son abbatiale bénédictine du XVIe siècle. Plus loin, l’emblématique cité de Carcassonne, Béziers et les écluses de Fonséranes, le cœur historique des vieilles villes de Narbonne et d’Agde…

À moins que l’on ne préfère les nouvelles technologies et leurs vitrines, en région toulousaine. La Cité de l’Espace et l’usine Clément-Ader d’Airbus valent bien le détour lorsqu’on vient de s’intéresser au top du génie civil, trois siècles avant l’A 380 et la fusée Ariane !

 

 

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Publié :7 octobre 2019

Voyages

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