Mot d’un magicien

Qu’attend le magicien professionnel pour dire un mot sur la littérature magique française dont les librairies ouvertes au grand public commencent à être inondées ? C’est finit le côté protégé des trucs en magie. Va-t-on continuer longtemps à livrer les secrets des tours de magie a tout le monde ?

C’est ainsi que disait un magicien, il y a quelque temps. Il fait beaucoup d’honneur en demandant de dire un mot sur la question, seulement comme on n’a pas pour habitude de déguiser la façon de penser, il est probable que lorsqu’il aura lu ces lignes, il ne sera peut-être pas très satisfait d’apprendre qu’il y a une certaine divergence d’opinion entre le rédacteur et lui.
Tout d’abord, il est de bon augure de faire remarquer à cet aimable et irascible correspondant que l’on est encore loin d’être submergés par l’inondation dont il parle et que la quantité des ouvrages magiques parus en France au cours de ces dix dernières années ne revêt pas encore le caractère d’un cataclysme pour s’émouvoir à un tel point.

Que dirait-il s’il était anglais ou américain ? En Grande-Bretagne, comme en Amérique, il ne se passe guère de semaine sans qu’un ouvrage magique soit mis sur le marché.
Est-ce à dire que l’on encourage la divulgation des secrets au public ? Il n’en est point question. Mais, on estime que la diffusion, sous certaines conditions, de ces secrets, ne peut en aucune façon nuire à cette profession de magicien, bien au contraire. La réserve que l’on fait et que l’on entend par sous certaines conditions est que les ouvrages traitant de l’art magique soient tirés à un nombre restreint d’exemplaires et qu’ils soient vendus, autant qu’il est possible à un éditeur pour les contrôler et les proposer aux initiés ou à de récents convertis.

Il n’est pas sans ignorer qu’il existe une forte majorité hostile à ces idées propagatrices, mais on persiste néanmoins à croire que la diffusion de procédés originaux, de conceptions nouvelles dans le cénacle ne peut que contribuer à revaloriser cet art qu’est le spectacle de magie resté trop longtemps stationnaire et le sauver de la déchéance.
Les collègues anglais et américains l’ont bien compris, jusqu’à preuve du contraire, on ne les considère ni plus fous, ni plus bêtes que les Français et il est à constater même que la magie chez eux est encore en meilleure santé qu’ici, malgré la disparition progressive et inexorable des music-halls et des spectacles de variétés.

Le grand Descartes a dit, connaître, c’est construire. Eh bien, puisque à connaissance égale, il faut construire et s’instruire en lisant, étendre les connaissances, modifier, améliorer les programmes, perfectionner les procédés, profiter de l’expérience et du génie créateur des magiciens puisqu’ils les mettent à la disposition et puis, ne pas s’illusionner de trop sur la garde bien problématique des secrets. Le mal  n’est pas dans la publication de ces secrets. mais dans la divulgation inconsciente des individus malhabiles qui montrent au public ce qu’il ne faut pas.
Cependant, l’opinion est toute différente en ce qui concerne les publications qui s’adressent au grand public et aux profanes. On réprouve bien entendu la révélation des trucs comme un magicien pour enfants dans ces feuilles et livres à grand tirage, mais lorsqu’on y parle des manigances, assez rarement d’ailleurs, c’est bien souvent pour blaguer, alors qu’au contraire il y aurait mieux à faire, ne serait-ce que d’éclairer le public sur un art charmant, susceptible de lui procurer un genre de sensations qu’aucun autre ne saurait lui donner et de détruire aussi certaines légendes plutôt nuisibles au point de vue intérêt général.

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Publié :27 janvier 2011

Loisirs

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